Tout ça ne ressemblait plus à rien.
Dans le grand chaudron où on était, on s’efforçait de tenir des positions dérisoires au beau milieu d’une décharge publique.
Une sorte de morgue en plein air.
Pour enterrer les cadavres des copains, il nous fallait attendre la nuit, en espérant ne pas se trouver piégés par une fusée éclairante,
à jouer les ombres chinoises qu’on tire pour un kilo de sucre ou un panier garni, à la foire du Trône
En janvier, on a eu de la neige.
Ça faisait plus propre mais des morceaux de viande humaine retombaient quelquefois en flocons rouges sur le linceul dégueulasse du champ de bataille.